De 5 en 5

1972 : J’ai 3 ans et déjà une sacrée babelle comme disait ma Grand-Mère. J’habite la maison qui jouxte mon école maternelle et la cour d’école est mon terrain de jeu. Souvenir de l’énorme marronnier qui trônait en plein centre et derrière lequel je me cachais pour faire rire mes parents. Maman a le ventre qui s’arrondit, papa a le sourire aux lèvres, je vais bientôt avoir un petit frère.

1977 : La famille s’est agrandi d’un 3ème bout de chou et on a déménagé dans une maison toute neuve ! La vie y est douce et belle. J’ai ma petite bande de copains autour de moi et je suis toujours amoureuse du même garçon depuis le CE1, Pierre… On se donne la main sur le chemin qui nous emmène à l’école… Je l’ai retrouvé bien des années plus tard d’ailleurs, pour une brève mais jolie histoire… L’école, c’est mon truc, j’adore apprendre et c’est assez facile pour moi, j’ai du bol…

1982 : le collège au village d’à côté, j’y vais en vélo, toujours avec la même bande… J’ai 13 ans, un appareil dentaire (4 ans de calvaire pour un résultat médiocre). C’est le temps des boums, des premiers bisous, chastes bien sûr, sans la langue. Mes années fleur bleue, à mi-chemin entre le disco et la new wave. Ca parle politique à la maison. Je commence à piocher dans la bibliothèque de mon père et y découvre les grands classiques et bien d’autres. Zola, Maupassant, Colette, Barjavel, Vian, Sartre…Je ne suis pas très sportive mais j’adore danser et chanter dans ma chambre. Suis assez timide en fait… Je n’approche pas les autres la première.

1987 : Je termine ma prépa commerciale sans conviction, pas faites pour moi les grandes écoles. Direction l’IUT et une minuscule chambre universitaire. Le début de l’indépendance et des années délire. Il faut apprendre à se gérer. Fiesta le soir, cours le lendemain, c’est dur mais ça passe. J’ai trouvé ma voie, c’est déjà pas si mal. Je m’affranchis et vais au contact. J’enchaîne les stages et les jobs alimentaires avec le sourire aux lèvres. La vie ne me fait pas peur.

1992 : 23 ans, fin du 3ème cycle. J’ai rencontré un charmant Anglais l’année d’avant lors d’un stage prolongé à Marseille et décide de le rejoindre pour commencer une vie à deux. J’atterris à Cardiff. Contexte économique difficile, le taux de chômage est effrayant mais il faut vivre ! La petite Française est tour à tour et selon les heures de la journée, caissière dans un supermarché de quartier, chef des photocopies et des docs à archiver dans un cabinet de design, serveuse dans un resto chinois où mon meilleur souvenir (et mon plus gros pourboire) est lorsque j’ai eu le privilège de servir un soir le 15 de l’équipe de rugby du Pays de Galles… Mon Anglais s’avère être un peu moins charmant au quotidien et en a encore pour quelques années d’études, j’ai envie de mettre à profit mon diplôme, ma famille me manque… ça sent le retour… ce sera pour l’été suivant…

1997 : J’ai rencontré mon futur ex-mari un peu plus d’un an auparavant, on vit ensemble. On a pas mal de projets, on envisage d’acheter une maison, d’avoir un bébé… On visite, on trouve la maison… pour le bébé, il faudra patienter encore un peu… je bosse depuis 4 ans en France. Je fais mon chemin, petit à petit. Ma vie pro et perso se construit. J’aime toujours autant les échanges, les soirées entre amis, les bonnes bouffes et le bon vin.

2002 : La trentaine largement passée. Mariée depuis un an, une 1ère demoiselle qui va avoir 3 ans et la 2ème qui va arriver. On agrandit un peu la maison, on pousse les murs pour lui préparer un petit nid douillet. Les projets se concrétisent, les rêves deviennent réalité. Je suis une maman comblée. Je commence à saturer dans ma boîte et pense à en changer dès la fin de mon congé mat. J’ai bien fait.

2007 : Depuis plus de 2 ans, les épreuves se sont succédées à un rythme effréné. L’effet boule de neige. J’ai un peu bu la tasse à certains moments. Je m’en suis sortie, pas tout à fait indemne, mais les bleus et les cicatrices commencent à s’estomper. Une nouvelle vie dans une nouvelle maison a débuté depuis quelques mois pour mes deux fées et moi. On s’organise autrement. On concilie. On retrouve un équilibre… J’ai mes béquilles toujours là, à côté de moi. Je sais que je peux compter sur ma famille, mes amis. Je découvre d’autres univers, dont les vôtres. Je suis toujours aussi curieuse de la vie et des autres. Je viens de changer de poste pour la 3ème fois en 3 ans au sein de la même boîte. J’apprends, toujours et encore.

Commentaires

Anonyme a dit…
Quel plaisir de te rencontrer.
Quand on lit les experiences des autres, on comprend à quel point les siennes sont d'une affligeante banalité. Et pourtant...
Perso, moi , j'aime bien le résultat de l'appareil dentaire ;-) !!!
raumine a dit…
Super synthèse d'une vie assez riche semble t'il? le calme après la tempête, c'est ainsi que j'aurais intitulé ton message.Je m'aperçois que nous en sommes tous au même point après le sgrands bouleversements que la vie nous "offre" parfois.
J'ai moi aussi, écris mes mémoires mais deux personnes ont eu droit de les lire. Il est vrai que de revivre son passé sur papier ou autre est une bonne chose afin de ne pas oublier son passé car celui ci sert de fondations à cette nouvelle maison que l'on appelle le futur
Bridget a dit…
@Benoît :
Merci pour l'appareil et le message d'anniversaire ;-) ! Aucune vie n'est banale il me semble. Ton livre que j'ai terminé hier soir le prouve, et si tu le permets, j'en parlerai bientôt dans une prochaine note car il m'a beaucoup émue !

@Raumine :
Oui, toute expérience, heureuse ou malheureuse nous enrichit.
Merci aussi pour ton message de jeudi !
Anonyme a dit…
J'ai bien aimé lire ta vie en quelques lignes.

Je crois que la trentaine est pour beaucoup une décénnie charnière, souvent la fin d'une vie et le début d'une autre, j'espère que ta nouvelle vie sera de nouveau trés belle.
Anonyme a dit…
Il est toujours au chaud, ce petit kawa que tu me proposais? J'arrive! Doux et amer à la fois, comme ta vie, comme ma vie, comme leurs vies, comme la vie... Le café, je le prends sans sucre, histoire de pas oublier, l'amertume, tout ça, mais dans la vie, je mets toute la boîte, toujours à la recherche d'un morceau supplémentaire, ta note, c'en était un, un gros bon tout doux!
Bridget a dit…
@4Largo :
Merci à toi, je l'espère aussi à l'approche de la quarantaine ;-) !!!

@Kiki :
On est faites pour s'entendre alors !! Pareil de mon côté, café noir sans additif et la vie toute simple mais la plus sucrée possible, comme une énorme barbapapa qui tourne et tourne et tourne...Trop bon ;-) !!!
Anonyme a dit…
Bravo pour cette émouvante synthèse; on a l'impression de feuilleter un album!
Bridget a dit…
@Jean Boccacino :
Merci ! J'adore les albums photos en plus...

Posts les plus consultés de ce blog

Givrés

Parfum de craie

(...)