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Affichage des articles du décembre, 2007

Le bain

Une bulle irisée qui balance et chaloupe Sur la surface lisse du bain qui s’anime et fait loupe Un souffle d’air chaud qui l’envoie tournoyer Dans la vapeur humide, brouillard tiède et léger Elle s ‘envole et se pose, délicate et fragile Sur une main accueillante voulant la préserver Parenthèse éphémère, espace clos protégé Citadelle de faïence loin des rumeurs agitées Clapotis qui murmure dans le silence ouatiné Remous apaisants, calme et volupté Mousse soyeuse et volutes parfumées D’essence de lavande, de miel ou de vanille Eponge imbibée d’eau qui parcourt avec paresse Ce corps reconnaissant détendu sous sa précieuse caresse.

Givrés

Les hommes, les esprits recouverts de glace Raidis, momifiés, ils avancent et font masse Effervescence hivernale, la cohue, la folie Bousculant, piétinant, le froid les envahit Les saisit par surprise, figeant leurs beaux principes Cachés dans leurs manteaux, ils se croient tout permis Le coeur emmitouflé, ils peuvent sortir les griffes Etrange phénomène, la bise gelée s'infiltre Frappe de plein fouet les têtes et fait sauter les plombs Laissant sur le carreau les remords, les pardons Contradiction suprême pour ceux-là même qui aboient Lorsqu’au coin du feu ce soir ils riront aux éclats Un verre à la main, l’autre sur le cœur Célébrant tous en choeur l’amour et le partage Chantant l’espoir, la paix et d’autres paysages De terre promise un jour, de justice, de bonheur L’homme est ainsi fait, il fond ou givre au gré des vents Petite chose soumise aux quatre éléments Changeant et virevoltant selon l’endroit et l’heure Le fou et sage de Dame Nature

Victoire

Elle s’appelait Victoire ma Grand-mère. Je n’ai jamais bien su si c’est parce qu’elle était née un 25 décembre ou parce qu’on lui prédestinait un tempérament de battante. De ces femmes qui arrivent au bout de leur vie en ne possédant rien mais en ayant tout donné. D’abord à son mari, fils d’immigrante espagnole arrivée dans notre plat pays rêvant d’une vie meilleure. Pour lui ce fut l’usine, le verre et sa poussière. Fatale infiltration au cœur de ses poumons. Victoire n’en parlait jamais de son homme, juste un hommage dans la vitrine de son buffet, une photo noir et blanc, un ovale mortuaire, le menton y était droit, le regard fier. L’intelligence au bout des doigts me disait-on. Le sens de la musique, pas question de solfège, banjo ou mandoline, plutôt une question de racines. Le fusain comme une arme, pour mieux se révolter, il est parti trop tôt, grand-père à inventer. Huit bouches à nourrir, 6 garçons 2 filles, c’était son héritage. Les plus grands au turbin : à 14 ans allo

Il rôde

Tapi dans les fourrés, caché sous les porches, au détour d’un chemin, à la croisée des vents… Je l’ai entr’aperçu l’autre soir au retour, trahi par la blanche lumière d’un puissant réverbère. Deux ombres entrelacées, qui se murmuraient. Quatre mains agrippées qui voulaient retenir, suspendre cet instant, flottant et vagabond. Deux bouches qui se happaient, faim de l’autre en demande, une envie partagée d’oublier les passants. J’ai senti sa présence, inquiète de l’après, l’espace d’une seconde, j’ai voulu le suivre, me laisser m’égarer. Je les ai observés, hors de leur portée, voyeuse reconnaissante, voleuse de sentiments. Leurs corps étaient soudés, leurs gestes au ralenti, la peur de s’ébruiter, de briser la magie, de faire fuir ce rôdeur qui les avait surpris. Que se disaient-ils, que lui soufflait-elle, le nez dans ses cheveux, les lèvres à son oreille ? Des aveux insensés, des mots dits mille fois, des désirs étourdis, des secrets envoûtants… Perdue dans mon silence, j

Au 1825ème jour...

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Viens par ici petite friponne que je tapisse tes joues pastelles De baisers bleus, roses et poudrés, de souffles chauds en ribambelle Saute dans mes bras et tournoyons, chantons en chœur et soyons fous La Reine du jour : ma pomme d’amour ! Sacré bout de fille que ce bijou Volcan en feu p’ tite sagittaire, née pour vibrer et pour nous plaire Histoire d’automne aux couleurs chaudes, tons flamboyants, rythme et chansons Ton nez trompette et tes fossettes, tes mains potelées, tes fesses bombées, Tu fends la vie, le cœur haut et nous défie le poing levé De voir comme toi des diamants bruts dans la rosée Métal précieux, perle de nacre, trésor joyeux, reflet d’albâtre Fêtons ensemble ta venue au monde, soufflons, sifflons à perdre haleine Cinq années pleines et débordantes d’ivresse tendresse, de lunes pleines Des étincelles, des confettis, des mots tout doux, bisous dans le cou Attrape le tout et garde en toi tout ce que tu es que je ne dis pas.

Mirage

Comme une ombre chinoise sur les murs endormis Sa silhouette ondulante à la lumière d’une bougie J’ai cru un instant qu’il était revenu Me parler de sa nuit, de nos anges déchus Apesanteur du moment, des notes qui se détachent Un souffle sur ma nuque, les frontières se déplacent Mémoire embrumée, envahie de fumée De brûlures et de plaies Barricade de papier si vite déchirée Qui découvre un abîme, un vide insensé La tempête fait rage, les murs de la raison tremblent Le feu s’éteint dans l’âtre, les cendres deviennent blanches Une poignée de poussière qui s’envole et se perd Dans les méandres du temps, le mien qui court devant Je souffle la bougie, le mirage disparaît Je couche mon corps plombé, mon esprit dérangé Et sombre dans le néant d'où il m'avait tiré La nuit comme un refuge, une enveloppe de coton Des bras pour me porter jusqu’à l’aube annoncée.