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Affichage des articles du novembre, 2008

Notes en fuite

J’avais la tête ailleurs et déambulais au gré de mes envies, dans cette ville amie, ces rues des quatre saisons. A l’heure où les néons s’allument, où le soleil se voile, la foule presse le pas et claque sur le bitume des rythmes de samba. Carnaval de visages, de plumes et de lainages, la bise colore les joues, défie les audacieux et rit de sa malice. Je traînais davantage, à contrecourant des vents, m’amusant d’une étole gonflée et orgueilleuse, d’un chapeau indomptable, d’une esquisse de grimace. Le jour s’éteignait en douceur, les réverbères s’étiraient et s’allumaient, lucioles au corps doré, tirées de leur sommeil par un réveil mutin. Ballet sur les murs lisses, figures à la surface, les ombres glissaient autour de moi, se rattrapaient sur les pavés. Je m’en étonnais telle une enfant, chinoisais avec elles, savourant le moment, ignorant la froideur. Et puis trois notes fugaces, puissantes et sensuelles, arrivées de nulle part pour me faire frissonner. Des effluves au long cours re

Sur la vague de nos jours

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Temps qui coule, temps qui file Nous malmène, nous modèle Côté face éparpille Des sillons à la pelle Vie qui passe, vie qui glace Nous transperce, nous renverse Nos corps flous en otages De ses maux en averse Nos cœurs comme des cristaux Fragiles et délicats Ecrins de tous les mots Habiles ou maladroits Amour danse, amour lance Nous emporte, nous abat Feu sacré, folle transe Pour des yeux où se noient Nos chimères et nos doutes Le temps que l’on n’a pas Nos mensonges en déroute Nos faiblesses, nos faux-pas Vivre encore, effleurer D’une main hésitante Des lendemains posés Comme des amours naissantes Balayer sur le sable L’écume de nos tristesses Y écrire la ballade De toutes nos ivresses.

Scène d'automne

Voilà que le vent se lève et qu’elle retombe. Recroquevillée et immobile, bercée par le sifflement qui déchire le silence. Le vent est loup, la louve s’invente. Au creux de ses arpèges, au plus haut de sa rythmique, elle se fond en mélodie, bouillonne des notes inaudibles. Il n’y a qu’elle pour les entendre, que lui pour les porter. Elles gonflent et s’étirent à lui exploser le gosier. Pas un écho, pas un murmure. Le chant s’envole, prend sa douleur, tempête au loin. Derrière la porte le sol qui gronde, la pluie qui bat. Des gouttes s’infiltrent, inondent le sol. A genoux dans la flaque, elle éponge de ses lambeaux obscurs ses doutes liquéfiés.