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Affichage des articles du janvier, 2008

Carnaval

Lulu s’en est allée rejoindre des fous à lier Une bande peinturlurée et prête à chahuter Faux-cils, plumes et chapeaux, résilles et talons hauts C’est le temps de la démesure et des rires à gogo Des ombrelles qui se moquent de la pluie et du froid Des chœurs à l’unisson pour défier les narquois Tradition ancestrale portée par les saisons Les marées et la pêche, pour nourrir les maisons Ces chapelles accueillantes qui chantent leur histoire Dunkerque ne les compte plus, elles restent dans sa mémoire Va-t-en timide Lulu apprendre ces vers coquins Reviens-nous riche de ces délires, de ces mots clandestins Qu’on partage dans les rues, le sourire taquin Emporte ces airs marins, ces poèmes truculents Le carnaval au cœur, les yeux, les cheveux au vent.

Cent maux dire

Les silences déposés sur ce corps endormi, Quand le K.O. l’emporte au plus noir de la nuit Le chaos des pensées qui surgissent et explosent De rage ou d’amertume, juste limite overdose Les battements sourds et creux de ce coeur embrumé Qui raisonnent et percutent les murs de sa fierté Les frissons laissés vains sur la couche froide et dure Les reflets métalliques des mailles de cette armure Le tranchant de ce glaive aiguisé sur la pierre Planté d’une main assurée pour gagner quelle guerre ? La chair ensanglantée par ce rire de victoire La tête endommagée par ces rêves de gloire La folie passagère de vouloir emporter Ces maux comme un fardeau... et puis les libérer Les laisser devenir les souvenirs malhabiles D’un grain de sable au vent, silice en terres fragiles Ne retenir que l’écho éphémère et soyeux De la vague qui se retire pour laisser dans les yeux Une lueur, un éclat, une envie et le feu.

Eclosion

« Décider de ce qui est bon et juste pour soi dans l’instant ». Cette phrase entendue et reçue raisonne en moi depuis quelques jours. Quelques mots simples qui me remplissent, une évidence mise en lumière qui apaise mes questions en rafale et donne à mon regard intérieur une perspective nouvelle. La réponse à beaucoup de tiraillements. Etape ultime de ce combat. Tomber le masque et me montrer telle que je suis, telle que je veux être. Etre vraie, en harmonie avec moi-même, authentique, vibrante, énergétique. Renier la fatalité et accepter ma vérité. Faire le vide pour me remplir d’autre. Souffler, inspirer. Déposer le fardeau trop lourd des épreuves passées, m’en décharger pour repartir légère, le cœur perméable, l’esprit en éveil. La gestation lente et douloureuse, indispensable pour me trouver, me reconnaître, m’admettre, éclore, se termine. Eclore, pousser, grandir encore avant de me faner. Traverser cet espace-temps en restant aux commandes, libre arbitre de me

Madre

1,53 m, ni plus, ni moins. Un petit bout de femme perché sur des talons carrés, aux yeux couleur émeraude, qui contemplent mes rides. Son bébé est bien là, joufflue et toute dodue, derrière cette étrangère qui n’en fait qu’à sa tête. Elle se demande sans doute ce qui lui prend parfois de hurler à tout-va, de foutre en l’air sa vie, de renier ce monde qu’elle lui avait offert. Elle n’imaginait pas, en lui tenant la main, sur cette place au soleil, des années en arrière, que cette enfant perdrait un jour sa candeur coutumière. Mais que se passe-t-il donc dans le crâne de sa fille, elle cherche et ne trouve pas de raison suffisante ou d’histoire assassine. Ses mains tâchées de son croisées sur les genoux sont toujours là tendues dans les plus mauvais coups. Elle en aura passé des nuits à se retourner pour dénouer les fils de ses pelotes emmêlées, pour tenter de comprendre comment la vie amène de gais bambins robustes à devenir roseaux couchés abattus par la grêle. C’est qu’elle

Plongeon

Sur un câble suspendu entre nos tours d’ivoire, j’avance en équilibre à pas feutrés. Un faux mouvement, un souffle trop lourd et c’est la chute. Autour de moi le vide, renvoyant en écho mes peurs artificielles, aspirant mes vertiges pour mieux les disséquer. La distance est réelle, l’envie irrésistible, de glisser sur l’acier et me brûler les doigts, de rougir de mon sang ce fil métallique, d’arriver chair et os jusqu’à ces barricades. Cette pensée s’évapore dans le ciel de mes doutes, comme bien d’autres avant elle m’avaient barré la route vers ces terres mystérieuses. Mes bras en balancier, je me fige immobile, en suspension dans l’air du temps, en retenue sur les jours qui défilent. Je me fabrique une passerelle d’illusions, les cordes y sont fragiles et le bois vermoulu, mais pour atteindre cette tour, je prendrais tous les risques. Celui de la laisser dans un tiroir secret, double fonds et cadenas, dont la clé a fondu dans le feu torride de mes souvenirs. Celui de la ga

Spirale

Emportée dans la roue du plaisir d’être deux Me laisser enivrée et entrer dans ce jeu Qui m’attire, qui m’aimante Me chamboule et me hante Complicité d’un soir, surtout ne rien attendre Rencontres épisodiques par-delà les méandres De nos vies solitaires, de nos pas parallèles On s’observe et l’on cherche le signal, un appel Je sens ma volonté, ma résistance me fuir Son charme me consume, je devrais le maudire Magnétisme infernal, frisson incontrôlé Mes forces m’abandonnent, je fonds sous ses baisers Toutes ces heures à bâtir de vaines et fausses excuses A raisonner mon cœur, à déjouer ses ruses Je prends ce qu’il me donne, des plaisirs au compte-goutte Et laisse sur le bord du chemin mes mensonges en déroute Ses caresses me sont douces, ami ou fol amant Ses mains réchauffent mon âme refroidie par le temps Que j’ai laissé courir, pour mieux le retrouver De ces mots interdits, de ces silences passés Je garde la couleur de nos nuits encre et sienne

Insomnie

Réveil saisissant au milieu de la nuit. Morphée s’en est allée voguer vers d’autres horizons, me sortant de mes songes hébétée et hagarde. Sensation déroutante d’une chute infinie, vertige accéléré par l’attraction lunaire, le monde des ombres s’agite et cherche à me convaincre. Laisse tes yeux explorer nos contours, deviner nos secrets. Rejoins-nous dans la ronde et au diable tes préjugés. Tire les anges par les ailes, voue ton âme aux étoiles. C’est une chance que l’on t’offre. Je l’ai prise tout d’un bloc. Perception décalée, instants de folie douce, création euphorique, soif de parallèle. Mes mots d'abord ont pris le large, devenus charabia exalté, insensé. Les pupilles dilatées sur le vent en déroute, les formes glissaient, accélèraient sur la toile défilante. Eclats de rêves entrelacés, kaléidoscope virtuel d’images imaginaires, je flottais et m’égarais dans cet état second délicieux, irréel. Des années lumières ensuite, Morphée est revenu, accompagné de son p

Dandy

Il tourne, il tourne et fait le beau, le sourire enjôleur, le sourcil circonflexe, chapeau noir et haut-de-forme sur regard de velours. La main gantée, le geste contenu, il parade tel un paon, séduisant et charmeur. La belle s’approche, innocente et sublime, les yeux perdus, iris dévastateurs. Le spectacle commence pour l’assemblée aux abois. Rires sous capes et verbe haut, on détourne l’attention, on guette l’insolite. L’atmosphère se fait lourde, la belle se fait légère, vaporeuse et scintille, entraîne dans son sillage le jeune paon émoustillé à la queue déployée. Le dandy fait la roue et roucoule de désir, se sent pousser des ailes, les sens hypnotisés. Fi des bonnes manières, il la couchera ce soir, là, dans l’antichambre, lui décrochera la lune, ôtera ses gants de cuir pour parcourir ses dunes. Il craquera les dentelles de ses dessous divins, percera fiévreux la soie noire de ses bas, arrachera ce qu’il reste pour mieux sentir sa chair, se perdre dans sa chaleur, se fe

2008

Et je danse sur cette année passée, sur ses rires, sur ses claques. Je bouge et me déhanche au fil de ses images, rencontres, baisers, de ceux qu’il aurait fallu peut-être laisser. Le tempo s’emballe, la mélodie gémit, coups au cœur, chair à vif, les enceintes hurlent, ma tête aussi. D.J. de mes souvenirs, j’enchaîne et calme la piste, le pouls redescendu, place à la tendresse, à ces moments précieux, riches d’authenticité, vibrants dans ma mémoire. Refrains repris en chœur, chorégraphie unique, les rythmes se succèdent, variés, inattendus. Mes pieds martèlent le sol pour laisser une empreinte de tous ces jours vécus, preuves et témoins de mon histoire. Mes bras balaient ce temps et en appellent un autre, un nouvel air m’attend, je me rejette dans la danse, à cœur et corps perdus.