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Affichage des articles du mai, 2007

Partie de poker

Petite blinde, grosse blinde, flop, turn, river, tapis… tout se joue là, dans la lumière ou dans l’ombre… Les joueurs sont en place, aux aguets, les cartes sont distribuées, les mains sont fébriles, les lèvres sont closes. Le silence pesant de la place couvre le brouhaha extérieur, le temps s’est arrêté. Beau jeu ou bluff, qui peut dire ? Les yeux épient le moindre rictus, le moindre geste. Les doigts tapotent la table, la tension monte. On mise, on suit, on relance, on se couche. On transpire : le jeu en vaut-il la chandelle ? Mais jusqu’au dernier jeton, on continue… On peut se refaire, on va se refaire ! Ca ne peut pas s’arrêter là, comme ça, sur une mauvaise donne… On joue à crédit, encore, parce qu’on y croit… Paire d’as, double paire et suite… Joué, perdu… On rentre, vaincu, fauché mais libéré. Déjà, on imagine la prochaine partie. Mieux choisir son adversaire…

Ca va aller ma Poule

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5h34… non mais il est vraiment pas bien celui-là !!! Personne pour lui fourrer un somnifère au milieu de ses graines ?? Ah j’ vous jure ma brave dame, il y a des matins où je l’enverrais bien voler au fond d’une marmite en cuivre, ce coq à gogos, arrosé du vin de table de la Germaine… Bon ben vu que j’ai les yeux ouverts, et que Môôôôôsieur la Crête rouge fait sa star dans la cour, j’ m’en vais donner un p ’tit coup d’ bec à La Roussette, ça me fera passer le temps… - « Bien dormi ma cocotte ?? - Ah m’en parle pas, mes œufs ne veulent pas descendre, j’ai un poids sur l’estomac depuis quelques heures, pas fermé l’œil de la nuit… » Et bla bla bla, et bla bla bla… Décidément, la journée s’annonçait morose… Mais pour l’heure, j’avais faim et décidais d’aller piaffer sous les fenêtres du vieux Léon. Eh mon p’tit père, faudrait quand même veiller à les nourrir tes poules, laisse un peu le jupon de la Germaine tranquille !! Tu crois que je ne te vois pas tous les matin

Laisse couler...

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Quelques gouttes salées qui perlent aux paupières Ondée du matin, rigoles nocturnes qui abreuvent la rivière Lente et longue des larmes versées sur ta terre. H2O épicée qui pimente l’histoire De tout être qui s’éveille, Dans ses rires, ses déboires Qui arrose et ponctue son chemin, l’aguerrit L’apaise, le soulage, Mystérieuse, violente Murmurante, infinie. Bulles lâchées coulant sans prévenir Quand les mots ne sortent plus, Qu’ils cessent de rugir Armes de défense, pacifiques, sans armure Jetées au tout venant pour panser nos blessures Elles sortent et se donnent, impudiques, mises à nues Sont reçues, rejetées, essuyées ou bues Comme le vin au calice, le partage est un baume L’eau inonde de sens le parcours de chaque homme Elle laisse s’échapper des morceaux de son âme Grande et belle, ennoblie à la coupe des larmes Aussi ne retiens rien lorsque tes yeux s’embuent Que ta vue se trouble, que ton coeur n’en peut plus Laisse venir et ruisse

Faux-semblants

Si tu l’ voyais au fil des heures A essayer de se cacher, Si tu l’ voyais tu aurais peur, D’avoir en face ta vérité, Celle qui fait mal Celle qui meurtrit Celle qu’il ravale Celle qui trahit… Si tu l’ voyais comme je le vois, Tu t’écroulerais, tu l’ croirais pas, T’en pourrais plus de désarroi… Si tu l’ voyais tout ce temps-là Hurler à mort, crever chez toi Il devient barge, il devient rat… Ca m’ fait flipper, Tout c’ qui l’assaille, Tout ce malheur, Toutes ces entailles… Si il s’ voyait dans cet état Ses larmes d’alcool, son cœur en sang Il s’en irait, il r’ viendrait pas Mais il s’ voit pas… il fait semblant…

Je plaide coupable M. Le Juge

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L’abus d’alcool, on le sait, on nous le répète assez, est dangereux pour la santé. A consommer avec modération qu’ils disent. Ben oui, souvent, en théorie. Mais y a quand même des jours (des soirs ?) ou l’immodération est la bienvenue… voire conseillée, et dans les cas les plus graves, vitale ! Des soirs où l’on ne compte plus les verres, histoire de voir les murs de son salon d’une autre couleur… Ca vous arrive aussi ? Non ? Ah ben c’est pathologique alors !! Ces soirs-là, on est prêt à soulever des montagnes, juste pour voir combien elles pèsent, à embrasser fougueusement le premier venu, à danser nu sous les étoiles, à réveiller sa voisine pour qu’elle vienne scander la danse de la pluie avec nous, à chanter My Way à tue-tête pour s’en persuader, à imiter le cri du ver de terre qui s’est fait faucher par la tondeuse (très difficile çà, ça demande des qualités vocales indéniables)… Alors pour tout ça, oui, je plaide coupable Monsieur le Juge ! J’ai abusé de ce nectar,

Un ange dort

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Combien de fois si tu savais T’ai-je cherché de ma fenêtre, D’une montagne ou d’un champ d’ blé ? Tu es parti, douleur immense, Intolérable, mais j’avance… Petite lueur : une étoile danse… Est-ce toi qui brille pour nous rappeler Que tu es là à nos côtés ? J’y crois toujours, c’est mon secret Dans mon silence, j’entends ta voix Je sens ton souffle, oui, c’est bien toi Tu ouvres mes yeux, tu guides mes pas Comme autrefois l'enfant qu' j'étais Suivait les tiens, sans y penser Dors bien mon Ange, j’y arriverais Ne t’inquiète pas, je t’ai r’trouvé Même si tu vois mes larmes couler Sur ton étoile, je t’aperçois, Et pour toujours, tu resteras, Mon Ange qui dort, là, près de moi…

Parfum de craie

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Vieille école publique, celle où les instits portaient des blouses au-dessus de leur « costard-cravate ». Celle de mon père était grise. D’un gris souris, comme sont devenus ses cheveux et ses yeux au fil des années. Je le revois dedans le jour de rentrée, embaumant le parfum frais de lessive. Il était fier, souriant, à la fois heureux et un peu inquiet tout de même de savoir si une fois encore, devant ces nouveaux pitchouns qui allaient bientôt débouler et envahir la cour de récré, il arriverait à relever le défi. Le merveilleux défi d’apprendre à lire et à écrire au plus grand nombre, de leur inculquer les premières bases du calcul, de les ouvrir à la poésie, de leur transmettre les premiers rudiments de sciences naturelles… C’est avec lui que j’ai commencé… première année de cette école primaire qu’il chérissait par-dessus tout, à laquelle il a consacré sa vie et que je garde en mémoire comme si c’était hier. En classe, je l’appelais Monsieur, comme tous les autres.

L'empreinte

Empreinte d’un rêve au creux de l’âme Au fonds des tripes douleur infâme Empreinte d’un autre faite sur la chair Peau tatouée, marquée au fer Parfum de vie, haute marée Empreinte à vie même si demain Une autre trêve, une autre main Viendra lisser les restes froissés. Empreintes… étreintes… Flots incessants… Traces invisibles… Sceau de l’amant.