Madre

1,53 m, ni plus, ni moins. Un petit bout de femme perché sur des talons carrés, aux yeux couleur émeraude, qui contemplent mes rides.
Son bébé est bien là, joufflue et toute dodue, derrière cette étrangère qui n’en fait qu’à sa tête. Elle se demande sans doute ce qui lui prend parfois de hurler à tout-va, de foutre en l’air sa vie, de renier ce monde qu’elle lui avait offert.
Elle n’imaginait pas, en lui tenant la main, sur cette place au soleil, des années en arrière, que cette enfant perdrait un jour sa candeur coutumière.
Mais que se passe-t-il donc dans le crâne de sa fille, elle cherche et ne trouve pas de raison suffisante ou d’histoire assassine. Ses mains tâchées de son croisées sur les genoux sont toujours là tendues dans les plus mauvais coups.
Elle en aura passé des nuits à se retourner pour dénouer les fils de ses pelotes emmêlées, pour tenter de comprendre comment la vie amène de gais bambins robustes à devenir roseaux couchés abattus par la grêle.
C’est qu’elle a oublié les farces et puis les pièges, maintes fois déjoués dans ce merveilleux manège. Elle en a eu son lot comme tout le monde ici-bas mais dans la fuite du temps, son passé ne compte pas.
Elle veut vivre avec rage, pour insuffler encore du fin fonds de son cœur ses espoirs et sa force, son incroyable courage.
Ses sourires en disent long, elle reste malgré tout, malgré nos coups de gueule, nos travers de toutes sortes, patiente, déterminée, elle nous ouvre sa porte.

On s’engouffre tout de go en quête de refuge, l’odeur d’un café chaud nous ramenant dans ses jupes. Elle entoure et protège, de ses bras frêles de mère, nos histoires chaotiques, nos plus folles chimères.

Commentaires

Anonyme a dit…
Chaque jour défait tes rides.
Chaque instant des fées mères.
Maman est plus qu'un moment.
Laisse la jouer.
Car c'est toi qui en jouiras...
Bridget a dit…
@Well :
Un coup de maman magique, précieuse et irremplaçable, et hop, c'est reparti... :-)
Anonyme a dit…
Tantôt, elles posent un voile de douceur sur nos larmes, tantôt elles accueillent nos rires dans une explosion de bonheur... et toujours elles nous portent....
Merci Bridget pour ces lignes...
Anonyme a dit…
Ce que je n'ai toujours pas compris, chere Bridget, c'est si tu as déjà publié un livre. J'imagine que oui, en lisant ces jolis billets.
Il faut que je revisite tes archives. Ou alors tu me le dis?
Anonyme a dit…
Je ne sais pas, non même, je ne pense pas avoir gardé cette image là !
Je crois bien qu'elle s'en moquait un peu !
Puis, le temps a passé et fait son oeuvre; l'enfant qu'il était a changé, elle aussi.
Et maintenant, les rôles me semblent bien ... inversés !
Bridget a dit…
@Leilyne :
J'imagine que nous n'avons pas tous les mêmes relations avec nos mères, loin de là, mais cette maman là, je ne l'échangerais pour rien au monde ;-)

@Ecaterina :
Non Ecaterina, pas de bouquin à mon actif, et ce n'est d'ailleurs pas un projet, ni même une envie pour le moment. Je pense que cette étape d'écriture est peut-être même transitoire dans ma vie, nous verrons. Merci de ta visite, et au passage, j'ai bien trouvé et commandé le livre dont tu parles.

@Laurent :
Il se peut qu'ils s'inversent pour moi aussi un jour, rien n'est jamais immuable...
Anonyme a dit…
C'est beau. Mais ces émotions ne passeront pas par moi. Pas dans ce sens. Elles passeront par mes filles, je l'espère.
Anonyme a dit…
vénérez la maternité, le père n'est jamais que le fruit du hasard..., peut-être est-ce de Raymond Poulidor ou Napoléon ou de mon boulanger ? je sais plus qui a dit ça, mais, c'est ce qui m'est venu à l'esprit en lisant ces lignes magnifiques.
Anonyme a dit…
Nos enfants naissent avec leur propres armes, et se défont parfois de nous au détour de rencontres... Profiter alors de chaque seconde de sourire qu'ils n'offrent qu'à nous... Si seulement l'enfance pouvait durer toujours...
Bridget a dit…
@Nath :
Je l'espère pour toi et je le leur souhaite !

@Nolhart :
Même si "maman" a une place toute spéciale dans ces cas-là, le père n'en est pas moins irremplaçable (j'ai dû faire quelques notes sur le sujet ;-)). Merci de tes mots, touchée.

@Elisabeth :
C'est parce qu'elle ne dure pas qu'elle est si précieuse ;-) !
Anonyme a dit…
Merci de cette fenêtre ouverte sur la mère et son paysage unique, magique, au goût d'enfance, larmes salées et crêpes sucrées... Le mienne n'existe plus que derrière la vitre des souvenirs, je me prendrai bien ce petit café chaud avec vous...
Bridget a dit…
@Kiki :
Ton bol est prêt là sur la table, fumant et distillant dans l'air ses arômes puissants et corsés. Tu es la bienvenue à la table des souvenirs Kiki.
Anonyme a dit…
Elle est belle, cette mère, si appaisante qu'on se laisserait bercer... la mienne, c'est un doigt coincé à jamais dans une porte, un nombril en boucle, un saut dans le néant. Tu as beaucoup de chance et tu en es si fière!
Bridget a dit…
@Caramel :
Elle a ses petits travers aussi, bien sûr, comme tout le monde,, mais oui, je dois avouer que j'ai beaucoup de chance. Merci Caramel de ta visite !
Arlette a dit…
Et puis vient le jour où, l'âge et les coups de la vie aidant, elle nous apparaît si frèle et sans défense. Ce jour-là, elle redevient enfant. Et on soupire, en découvrant que l'on ne peut plus s'appuyer aussi fort...au risque de la casser. Après l'avoir tant fissurée.

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