La serre

Crédit photo : Jean Boccacino – A travers la vitre de la serre Il est de ces mystères que l’on ne perce jamais Posé là par erreur, coïncidence, hasard Morceau de chair et d’os aux oripeaux blafards Il erre dans ce jardin, dans cette serre humide Balade sa solitude, sa douleur translucide Sous la lumière cuivrée, dans la rosée perlante Il aspire le silence, écoute ses cris muets Déverse de vains sanglots dans la boue à ses pieds Le vide en lui résonne, il le remplit d’amer Il brûle de l’intérieur, cœur malade en jachère La porte vitrée retient sa jungle aux griffes puissantes Ses fauves, ses certitudes, ses amours flétrissantes Il les hait, les adule, boucle folle hésitante Qui le ronge et l’abîme, le torture, l’ensanglante Sous l’horizon en feu, aux démons qui l’acclament, Il se livre et se rend, fatigué, pris au piège De cette torpeur si douce, placebo, cataplasme Il s’échappe de cette île, de ce bout de nulle part Fuit sans se retourner, silhouette lisse et noire.