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Dites-leur

Dites-leur vos mots qui luttent, vos mots qui s’entrechoquent Déversez vos ardeurs, transpercez les d’un bloc Expression libre, sans cadre ni repère Des mots amour, des mots nouveaux, des mots amers Le cœur éclate, la langue dérape Une explosion verbale, pour vous sentir vivant Un champ de bataille sonore, des mots aux doigts d’argent Affûtés, délicats, tranchants ou audacieux Ils touchent, interrogent, ricochent Selon l’instant, la cible, le lieu Domptez la puissance et le chant envoûtant De ces lettres attachées qui font corps au présent Entrez dans la danse, laissez passer le flot Envoyez vos missives, vos petits et grands mots Il y aura des désastres, des ruines, des déçus Mais aussi des ivresses, des espoirs absolus.

Réactions en chaîne

Transpercée une fois de plus, je me vide J’écoule l’indicible Je vomis des chimères Assailli par la douleur, mon corps capitule Il rend les armes S’écroule aux pieds de mes désillusions Sursaut incontrôlé Mon cri liquéfié devient tsunami Il s’abat contre les parois élastiques de mes artères Les déforme, les traverse Seuil de tolérance dépassé Un aller sans retour S’endormir pour de bon Rejoindre le néant Pour ne plus suffoquer Pour retrouver la paix De là, voyager légère Vers un ailleurs lunaire, Des rivages désertiques Croiser des ombres chinoises Ne pas les reconnaître Compter l’éternité La mémoire effacée.

Sans Nous

 « Nous » n’existera donc pas Interdit de séjour, il n’a pas pu grandir Fracassé sur le mur des possibles Catapulté dans une autre dimension  Flottant dans un espace-temps inaccessible Coulé dans la rivière des peut-être Atomisé avant d’éclore… Et pourtant, Ses couleurs entraperçues irradiaient dans la nuit Même vibration, même fréquence Une onde câline en propagation Fusion des corps Alchimie des coeurs Secrète, inexplicable, évidente Douceur des âmes qui se rejoignent Caresse subtile et délicate des peaux sous le coton « Nous » n’a pas eu son temps Alors je perds le mien en hypothèses Des « si » en cascades Qui me dévorent et m’inondent J'ajuste les variables Pour mieux supporter Cette histoire qui m’échappe Cette tendresse débordante Cet amour écorché.

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Balayant le trottoir de mes souvenirs d’enfant De drôles d’images déboulent, le cœur a contre-champ Tous ces instants de vie, cette tendresse empilée Se fondent et s’entremêlent, dessinent ton portrait Il me faut rassembler d’aussi loin que possible Les notes de ta voix pour qu’elle ne s’éparpille Dans les dédales du temps et me laisse orpheline De cette grave douceur, de cette bienveillance Encore un jour étrange, une sensation de vide Rendez-vous ponctuels avec une ou deux rides Qui racontent notre histoire, ta vie et puis l’après Te garder en-dedans, l’écrire et puis danser.

Ombre

Il y avait cette ombre sur le mur qui  l'attendait chaque soir, inlassablement, obstinément.   Elle se baladait, aux quatre coins de cette chambre vide, prenait parfois en consistance.   Certains soirs, lorsque le silence devenait trop pesant, il se surprenait à lui confier ses tourments. Elle ne lui apportait aucune réponse, jamais.   Elle entamait plutôt une danse folle, comme exaltée par ce tourbillon de questions.   Il la regardait valser, étourdi par la grâce avec laquelle elle tournoyait sous la lune. Par un matin plus clair qu'un autre, il décida de la tuer, pour de bon.   Il recouvrit le mur d'une peinture sombre, épaisse.   L'ombre manqua d'air et disparut,  l aissant derrière elle quelques larmes sur le parquet.  

(...)

Le soleil encore tiède de septembre fut mon seul compagnon aujourd'hui Je m'étais pourtant ensevelie sous le joyeux brouhaha des autres Leurs mots décousus formant une langue inconnue Leurs corps trop en mouvement créant une valse incessante Qui me remontait invariablement à la surface de mon monde    Ce monde sans voix, ce monde sans cri Un cocon précieux, une bulle protectrice Pleine d’une infinie tendresse, d’une douce mélancolie La foule n’aspire pas, elle déverse Ses émotions bruyantes en écho des miennes, silencieuses. 

Bises (redif de 2007)

Ce petit mot que tu me glisses avec malice du bout des lèvres Me fait toujours autant d’effet et tu le sais Délice, supplice, qu’on en finisse, laisse les venir sur mes joues lisses Qu’elles tourbillonnent, s’envolent et claquent, ces belles promises Qu’elles se déposent, tendres et exquises sur mes fossettes Qu’elles se déroulent et se répandent le long de mon cou en pirouettes Qu’elles tambourinent, forcent le passage Trouvent le chemin, percent le barrage Qu’elles me chavirent, me laissent repue De leur douceur, de tant, de plus…