Il rôde
Tapi dans les fourrés, caché sous les porches, au
détour d’un chemin, à la croisée des vents…
Je l’ai entr’aperçu l’autre soir au retour, trahi
par la blanche lumière d’un puissant réverbère.
Deux ombres entrelacées, qui se murmuraient.
Quatre mains agrippées qui voulaient retenir, suspendre cet instant, flottant
et vagabond. Deux bouches qui se happaient, faim de l’autre en demande, une
envie partagée d’oublier les passants.
J’ai senti sa présence, inquiète de l’après,
l’espace d’une seconde, j’ai voulu le suivre, me laisser m’égarer. Je les ai
observés, hors de leur portée, voyeuse reconnaissante, voleuse de sentiments.
Leurs corps étaient soudés, leurs gestes au
ralenti, la peur de s’ébruiter, de briser la magie, de faire fuir ce rôdeur qui
les avait surpris.
Que se disaient-ils, que lui soufflait-elle, le
nez dans ses cheveux, les lèvres à son oreille ? Des aveux insensés, des mots
dits mille fois, des désirs étourdis, des secrets envoûtants…
Perdue dans mon silence, je me suis retournée, le
cœur en bandoulière, des étoiles plein les yeux, l’amour aux alentours, un
moment déroutant.
Ces inconnus en moi, pleine de leurs émois, j’ai
fermé les paupières pour mieux m’en imprégner
Je suis rentrée chez moi, j’ai refermé la porte,
une chanson dans la tête, ce tableau imprimé.
Je retournerais bien au pied du réverbère, chasser ce doux rôdeur pour
qu’il change de repaire. Qu’il vienne traîner un peu du côté de ma rue, qu’il
m’attaque par surprise, me capture, me dépouille et m'entraîne à sa guise.
Commentaires
Les précédentes recherches ont plutôt mal abouti... mais bon, ne pas généraliser ;-)
pour ne pas être melancolique, dans ce cas, imagine-les dans trois ans avec un enfant -ou deux !- baveur et chuineur ..
Rires ! Vu sous cet angle, effectivement :-) !