Attention, danger
Sur l’asphalte. Une nuit d’été lourde et pluvieuse. Un tapis sombre et ruisselant qui se déroule, m’entraînant toujours un peu plus loin, un peu plus vite.
J’évite les secousses, zigzague sous les gouttes.
Il est tard, la lune est fatiguée. Elle s’est endormie sous son épais duvet nuageux, me laissant seule sous les éclairs.
Je souris malgré moi en entendant cette chanson qui sort des enceintes saturées, le volume au maximum pour couvrir la colère du ciel et me rassurer. Seul lien avec la vie ailleurs.
Les kilomètres s’enchaînent et me déroutent. Je ne me suis jamais sentie aussi libre et consciente qu’enfermée dans ces parois d’acier.
Le ciel se fait plus noir, les cordes d’eau plus épaisses. Je navigue à l’aveugle et glisse sur ce miroir sans tain qui peut se briser au moindre coup de frein. La musique s’emballe.
J’aime cette solitude nocturne, cette sensation dangereuse que ma vie dépend à ce moment même de cette ligne blanche à ne pas franchir, de ces pièges à éviter. Cette impression que le monde autour se dérobe, qu’il fond et s’aplatit, englouti par la vitesse.
Je ne suis plus sûre de vouloir rentrer. L’envie de prolonger cette contradiction est plus forte. Suivre ma déraison. Garder un temps encore cette certitude d’être à ma place. Un atome en mouvement à la surface de cette terre désertée, sans repère ni destination précise, quelque part dans l’univers.
Commentaires
j'aime beaucoup
à bientôt
depuis le temps que je n'ai pas mis les pieds sur ton blog !
toujours aussi beau à lire !
à bientôt
ph
N'est-ce pas s'enfermer un peu quand tout est ailleurs, insaisissable?
Anonyme : ailleurs peut être aussi à l'intérieur :)